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Trois semaines en Alaska

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Voici maintenant plus d’un mois que je suis rentré chez moi à New York après trois semaines de camping dans la neige et d’aventure en kayak parmi les icebergs de Prince William Sound et je considère ces jours passés avec un groupe de copains dans ce pays surnommé la dernière frontière l’une des plus excitantes expériences de ma vie. Ceux d’entre nous qui ont grandi et habitent dans les grandes villes et dont le seul contact avec une vie moins confortable et protégée se fait par l’intermédiaire du cinéma, de documentaires sur le tiers-monde ou de voyages ne peuvent imaginer ce que l’on ressent dans un univers sans eau potable, électricité ou chauffage. Ne parlons même pas de télé, de téléphone ou d’internet. Ce fut une expérience forte de découvrir que l’on peut s’adapter à un environnement rude et que ce n’est pas si difficile ou pénible que ça. Aucun des conforts que nous tenons pour acquis et considérons essentiels n’est nécessaire pour se sentir vivre et se réveiller en pensant avec enthousiasme à la riche journée qui attend. Un repas issu d’une boîte ou d’un sachet et préparé sur un réchaud n’est pas une fête gastronomique, mais le dévorer au sommet d’une colline dominant l’immensité neigeuse où seuls un ours ou un élan sont visibles au loin est un régal d’une autre nature.

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J’ai rapporté des souvenirs qui ne me quitteront jamais. La découverte par exemple que le grondement que j’avais pris des heures durant pour un orage lointain provenait en fait des icebergs autour de moi. Ou encore la générosité de cette femme « flic » qui me conduisit pendant des kilomètres à une destination que je n’avais pas les moyens d’atteindre seul. Elle me demanda seulement si j’étais armé avant de m’inviter dans sa voiture. Après m’avoir entendu répondre « Oh mon Dieu non! » elle commenta que le règlement l’avait contrainte à me poser la question, mais que je ne lui avais pas paru être du genre à me promener avec un Smith et Wesson.

L’Alaska a des paysages magnifiques. Cet état qui est de loin le plus vaste des États-Unis est aussi incroyablement sous-peuplé. Il ne compte que 1,2 habitant par mile carré. De voir les automobilistes qui se croisent sur les routes échanger des signes de reconnaissance fait sourire un new-yorkais, mais le contact avec une nature si intacte est un plaisir extraordinairement profond. Je réalisai aussi que des étrangers se comportent différemment que dans nos grandes villes. Alors que nous, à Paris, Manhattan ou Londres sommes isolés par notre nombre, les habitants de l’Alaska sont unis par leur isolement. Un inconnu est quelqu’un que vous n’avez encore jamais rencontré, mais qui a peut-être besoin d’aide ou qui viendra un jour à votre secours.

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Mes amis regardent les photos que j’ai rapportés et me demandent si je retournerais en Alaska dans les mêmes conditions et ma réponse est toujours la même: Et comment!